Les années en 2 et 7 de Lavande

Je remercie Lolotte de m’avoir invité à répondre à ce questionnaire. Pas toujours facile.

1972 : J’ai un an. Mes parents n’ont pas le temps de s’occuper de moi…
Ils m’envoient chez ma grand-mère au Maroc chez qui je resterai 6 mois. A mon retour, c’est elle que j’appelle maman, je ne sais plus qui sont ces gens chez qui j’arrive…
Je vais longtemps m’exprimer qu’avec des gestes. On rit dans la famille en disant que je pourrai bosser dans un aéroport et faire la gestuelle qui accompagne les avions à l’atterrissage. Je suis aussi une grosse pleureuse, il parait. Il parait que je suis pénible. On m’a souvent souhaité d’avoir des enfants aussi pénibles…

1977 : Je rentre au CP. Je suis une très bonne élève.
Chaque été, je passe deux à trois mois par an (de juin à septembre) au Maroc chez mes grands-parents. Ils sont commerçants là bas, mon grand-père est armurier à Rabat. Je découvre la lecture car nous n’allons à la plage que le dimanche et le reste de la semaine le temps est long. En semaine, le matin nous allons au marché… Aaaaaah ce marché. Que j’en ai rêvé. Un marocain qui a un étal au marché central, m’appelle Nathalie Wood à cause de mon prénom et dans mon petit panier en osier il glisse à chaque fois des fruits. Ma grand mère m’apprend tout, des fois durement mais souvent surement. Le dimanche nous allons à la plage de rosmarie. Elle est chouette cette plage avec ses marées et même des marées spéciales, les marées d’équinoxe. Je me baigne avec mon grand père dans des trous d’eau chaude, mon grand père sourd. Moi je ne me rend pas compte qu’il est différent. On est vachement copain, c’est ce qui compte.

1982 : J’ai 11 ans et je rentre en 6ème et pour la bonne élève qui n’a jamais appris à travailler les choses se corsent mais je vais encore me laisser vivre avant que ne sonne le glas.
Je suis très complexée avec mes lunettes. Je suis petite 1m40 en 6ème. Je me lève tous les matins à 6 heures pour prendre le bus à 7H et aller dans le collège de la petite ville voisine. Un semblant de liberté. Je découvre les joies (ou plutôt le cauchemar) de la cantine. Je n’aime pas le collège. J’ai l’angoisse du dimanche soir et des devoirs pas fait. Je suis anxieuse. Ca ne me quittera jamais.

1987 : j’ai 16 ans. Les tensions avec ma famille sont énormes. Je vis très mal mon adolescence. Je me sens incomprise et surtout mal aimé. Je n’ai pas le droit de sortir. Je redouble ma seconde.  Mes grands parents se sont séparés. Ma grand mère est rentrée vivre en France. Je parts vivre avec ma grand-mère. Je grossis beaucoup. Je suis mal dans ma peau, introvertie et misanthrope. Cette année là, est la pire de mon adolescence.

1992 : J’ai décroché mon bac et ai réussi avec grand succès mon BTS d’action commerciale. Tellement que j’ai pris gout aux études (il était temps). Je peux intégrer une ESCAE mais mes parents ne peuvent plus suivre financièrement. J’intègre une super école de commerce qui me permettra d’auto financer mes études avec un contrat de qualification. Je me retrouve à vendre des voitures. C’est le pied mais pas encore (hélas) un métier de femme dans un milieu macho. La vente est une découverte, une deuxième nature. J’aime ça et je m’y épanouie. Je décroche mon premier job dans la foulée de mon diplôme.

1997 : j’ai perdu il y a 2 ans mon premier amour.
Et j’ai perdu mes illusions. J’ai appris il y a 3 ans que j’avais le même mal que ma mère et mon grand-père. Je deviens sourde.
Je rencontre cette année là, l’amour de ma vie, celui qui deviendra mon mari. Je m’éclate dans mon boulot et après un passage de 2 ans dans les Bouches du Rhône, je reviens vivre chez moi dans mon petit village les pieds dans l’eau, les yeux perdus dans mon merveilleux étang (de Thau). Mes parents se séparent peu de temps après. C’est une étape terriblement déstabilisante.

2002 : Je suis heureuse. Je suis mariée depuis 2 ans et j’ai une petite fille Dalva et une autre sur le chemin qui s’appelle Enora. J’ai aussi un demi-frère qui a un an de moins que Dalva pas commun mais au fond, amusant. Nous quittons pour permettre à mon mari d’évoluer notre village mais y gardons notre maison. Nous allons dans la Drôme, près de Romans. J’ai le plaisir de vivre près de St Marcellin et près de Tain l’Hermitage (haaaaaaaaa Valrhona). J’ai aussi du quitté mon emploi et prépare le diplôme de déléguée médicale. Que je réussis.

2007 : Je ne suis pas déléguée médicale. Je n’ai d’une part pas aimé ce métier. Je suis également trop malentendante pour continuer mon métier de commerciale. Je suis aussi l’heureuse maman d’un petit invité surprise Owen né fin 2004. Mon mari est souvent absent. J’ai entrepris une reconversion professionnelle de diététicienne, j’étudie en dilettante, je l’avoue.  J’ai créé mon blog en février, j’en tire beaucoup de satisfaction.

2012 : J’ai 41 ans. Dalva est au collège, j’exerce mon métier dans mon cabinet et je comprends bien mes patientes. J’ai plein de recettes à leur proposer!
Mon mari m’aime toujours autant et j’ai des enfants pas pénibles du tout. Je suis heureuse.

2027 : mon mari est toujours là et il m’aime toujours.
On a trouvé une traitement révolutionnaire et on a "réparé" mes oreilles. J’entends à nouveau le chant des oiseaux.
Je suis grand mère déjà deux fois. Je suis complètement gâteuse et leur fait justement des tas de gâteaux maison. Je casse un peu les pieds à mes filles pour qu’elles donnent à mes petits enfants ce qu’il y a de mieux. Mon mari attends sa perceuse dans une main et le téléphone dans l’autre que l’un des ses enfants le sollicite pour qu’il puisse accourir. Moi, je suis à me fourneaux en train de préparer pleins de petits plats en espérant secrètement qu’ils passent tous par là, qu’ils voient de la lumière et qu’ils aient envie de rentrer…

Je passe le relais à Blog de cuisine, et à Lili de Food box. Si elles ont envie de se prêter à l’exercice et de nous en dire un peu plus sur elles.

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